MICMACS


MICMACS
pour une comédienne - durée 90 minutes

RÉSUMÉ DE L'ACTION :

Pierrette vit dans un F3 avec sa copine Marilyn et le gamin de celle-ci. Il y a un certain temps elles ont hébergé un mec, un gloton sans abri : le Furet. Après une violente dispute le Furet est parti en emportant les clefs. Il a fallu changer le verrou, c'est Louison, le voisin du dessous qui l'a fait.

Un jour Pierrette reconnaît la voiture du Furet (une DS19 d'occase) garée devant l'immeuble. Panique, le Furet est revenu. Elle court d'abord se réfugier chez madame Berthe-Lot, la voisine du septième puis discrètement descend à son appart. Elle constate (mégots, verres sales) qu'un mec est venu et que (taches suspectes sur le canapé) il a du s'envoyer la fille au pair : Prun-n-ella. Panique. La voiture a disparu, le Furet est parti avec Prun-n-ella, il a les nouvelles clefs, il peut revenir quand il veut. Louison, appelé d'urgence change de nouveau le verrou. Pierrette prévient Marilyn qui passera la nuit chez sa mère, avec son gamin.
 
Se retrouvant seule elle décide de sortir. Elle passe d'abord au bistrot du coin, "Chez Max", elle y apprend que Prun-n-ella, la fille au pair y vient tous les jours et qu'elle aurait laissé entendre qu'elle est enceinte.. De qui ? Garée en double file devant le café elle voit la voiture du Furet puis, un parfait inconnu se glisser au volant et disparaître.

Le père Michel, directeur du centre culturel, téléphone, il participe aux recherches d'une fille au pair qui ressemblerait à Prun-n-ella, elle aurait été étranglée et noyée dans le canal. Pierrette rencontre ensuite le mage Vladimir qui la fait monter chez lui pour une séance de voyance mouvementée. Elle le quitte, furieuse et se retrouve seule, sur le trottoir, en plein milieu de la nuit.

Une télé fonctionne dans une vitrine, elle assiste à la retransmission  d'un événement culturel. Elle reconnaît la voiture du Furet présentée comme une oeuvre d'art.

De retour à son appart où Louison, son copain le Léopard et Prun-n-ella sont en pleine fiesta. Plus tard Marilyn revient, puis madame Berthe-Lot et le père Michel. Le jour se lève, on fait du café, on mange des croissants.

Mais de terribles événements ont lieu dans l'immeuble, la cave est inondée, les flics font des contrôles d'identité. Louison entraîne Pierrette, ils se réfugient sur le toit en terrasse. Là, il lui avoue maladroitement son amour et Pierrette ne le refuse pas. Toutefois cela ne changera pas grand-chose à leur vie. Elle continue comme avant avec les copains, les copines, le travail et les relations sentimentales compliquées. Il semble que le Furet ait disparu à jamais.

EXTRAITS :

1/1 -  

PIERRETTE :  Au secours ! Au secours !
Le Furet est revenu.
Les glotons, ça revient toujours, on m'avait prévenue.
Pourquoi ? J'en sais rien.
Pas plus que lui j'imagine.
Mais, c'est sûr, il est de retour.
Sa caisse est là, garée devant l'immeuble.
Ca pourrait être une autre ?
Alors là pas de danger. Y en a pas beaucoup, par les temps qui courent, des DS19 de collection. Et attention pas n'importe quelle DS19. La DS19 break.
Ca a l'avant de la DS, gueule de requin, avec les phares qui font des yeux méchants comme ça, l'arrière carré, genre wagon : six portes, trois de chaque côté.
Ca pourrait être la DS break d'un autre, une DS break sosie !
D'accord, d'accord, ça pourrait.
Ca pourrait, seulement...seulement y a des particularités.
L'ensemble est gris métallisé, enfin, l'était, autrefois. D'origine il reste l'avant et deux portes. Les quatre autres, récupérées à la casse, sont  bleu pastel, colique de chien, rose saumon et vert pistache.
Ensuite y a le scotch, du scotch marron pro, du large, du scotch partout : "crac " sur un enjoliveur qui se barre, "tchiiiiii !" sur la vitre qui vibre, "chac ! chac !" pour tenir un clignotant, "zip ! cric crac ! " autour de la plaque d'immatriculation.
Et puis, petit détail, cerise sur le gâteau : l'ourson, le petit ourson vert fluo suspendu au rétro.
Ca pourrait.....non, ça peut pas.
Des bagnoles comme ça, avec des particularités comme ça, y en a pas deux en France, pas deux en Europe.
C'est sa caisse, c'est lui.
Je suis là, moi, Pierrette, sur le trottoir avec mes deux sacs plastique hyper-lourds pleins de bouffe pour Marylin, moi et son minot. Je suis là et je vois, en face, garée devant l'immeuble, sa caisse, la vraie, la seule, l'unique.
J'en tire la conclusion logique qu'il est revenu.
Le Furet est revenu.
Il a du monter à l'appart, s'escrimer avec ses vieilles clefs sur le verrou neuf et, comme il a pas pu entrer, il attend quelque part. Soit chez Max, le seul bistrot de la rue Godron de Millau où il a pas d'ardoise, (parce que Max fait jamais crédit), soit dans les escaliers, soit sur le palier. Il attend que Marylin et moi on revienne, et alors ça va être le baratin habituel, et on va céder, et il va se re-installer, et l'enfer va re-commencer. Pas question.

4/2 -  

- Mon portable, où est mon portable ? Vous m'avez chourré mon portable.
- (VLADIMIR) : Cette horrible chose qui sonnait tout le temps, je l'ai jetée dans le vide-ordures.
- Vous êtes fou. Mon portable !
- (VLADIMIR) : Non, en fait je l'ai d'abord écrasé à coups de marteau et puis jeté dans le vide-ordures.
- Vous êtes complètement fou.
- (VLADIMIR) : Non, en fait, je l'ai porté dans la cuisine, entouré de blinis pour étouffer le bruit, et enfermé dans la marmite de boeuf strogonof. Une fois sur le feu il s'est arrêté de sonner.
- Vous l'avez fait cuire ?
- (VLADIMIR) : Non, la gazinière est hors service. C'était simplement pour l'effrayer, lui montrer ce qui l'attendait s'il s'arrêtait pas.
- Qu'est-ce qu'il vous a dit ?
- (VLADIMIR) : Rien. Il s'est simplement arrêté de sonner.
- Je me suis mal exprimée. Il devait bien y avoir quelque chose d'écrit, sur l'écran. Si qu'y sonnait, c'est qu'on appelait. Le celui ou la celle qu'appelait a du laisser un message. Donnez-le moi.

5/2 -

- Ah ! l'horreur. Il est tout plein de poisseux et de gras. Vous l'avez salopé. Vous lui avez fait le coup de la Chantilly.
- (VLADIMIR) : Non, c'est les blinis.
- J'arrive à voir l'écran, c'est Marilyn. Il est arrivé quelque chose à Marilyn ! Vous n'auriez pas une brosse à chiendent ou une sorte de raclette pour que je puisse dégager les touches de toute cette purée ? (elle compose le numéro) chic. chac. chac. chic. cheuc. chac. chic. choc. chic. chuc.
Ca sonne. Merde ! c'est la messagerie.
- "Marilyn c'est moi, Pierrette, je suis vivante.  T'affole pas, je suis chez le mage, le père Vladimir, du côté de chez Max. On est sur la piste. Je suis parfaitement reposée. J'ai bien dormi dans la baignoire. Je continue
l'enquête."
- (VLADIMIR) : Donnez-moi cet engin.
- Pas question, il est à moi. Vous l'avez séquestré dans la marmite et vous lui avez fait des choses dégoûtantes.
- (VLADIMIR) : Excusez-moi, mademoiselle, IL n'est pas à vous, ELLE est à moi. Ca fait un quart d'heure que vous parlez dans la télécommande de ma télé.
- Vous me prenez pour une folle. (elle regarde ce qu'elle a dans la main) C'est pourtant vrai. Encore une de vos manigances pour que je puisse pas appeler ma copine. Encore une de vos ruses pour me retenir ici contre mon gré.
- (VLADIMIR) : J'ai du me tromper de marmite, je range tout dans des marmites.
- Père Vladimir arrêtez, arrêtez tout de suite sinon je vous dénonce pour corruption de portable, séquestration de baignoire et abus de Chantilly. Vous n'êtes pas le père Vladimir, vous êtes le père Michel déguisé. La face
cachée du père Michel.
Des pères Michel il y en a qu'un, un seul. C'est pas comme les pères Noël qu'on en voit cinq cents pour les fêtes. Le père Michel il a pas de sosie. On m'a déjà fait le coup du sosie avec la voiture.
(un temps)
Mon Dieu ! J'en peux plus, j'en peux plus. Prenez-moi dans vos bras que je pleure un bon coup.
- (VLADIMIR) : Impossible, mademoiselle, mais asseyez-vous, détendez-vous. Une bonne tasse de café ça va vous remettre les nerfs en place.
- Ah non ! Pas de votre café empoisonné. Je vous vois venir, vieux père Noël papelard : "J'ai jamais touché une femme, je dors tout droit dans un placard." Mon oeil ! Je vais appeler la police et on va les inspecter, vos placards. Je suis sûre que c'est plein de filles au pair coupées en morceaux, fumés, séchés, boucanés. Votre boeuf strogonof vous le faites avec quoi ? Ca serait pas avec de la chair humaine. Cannibale !
- (VLADIMIR) : Ca suffit, mademoiselle, dehors ! L'abus d'alcool est dangereux pour la santé, le tabac tue, c'est écrit dessus. Vous auriez du lire ces instructions avant de consommer et en prendre conscience. Tenez, voici un billet de cent euros. Mettons que vous avez fait une passe, il n'y a rien de mal à ça. Sortez de chez moi et ne revenez plus jamais. Adieu !