L'AVARE DE MOLIÈRE



"L'Avare"
comédie de Molière
Durée 90 minutes (entracte possible)


L'Avare de Molière UNE INTERPRÉTATION EN SOLITAIRE

C´est en écoutant les transcriptions pour piano de Liszt d´opéras célèbres que l´idée m´est venue de faire la même chose pour le théâtre. Ce n´est pas une idée proprement originale puisque j´ai appris par la suite qu´elle était pratiquée par quelques acteurs, en Angleterre surtout.

Les impératifs de Liszt étaient la diffusion de la musique à une époque ou les enregistrements n´existaient pas, dans des lieux où l´organisation d´opéras n´était pas facile. Mes raisons étaient assez semblables.

J´avais fait de nombreuses tournées à l´étranger, dans des conditions souvent difficiles, mais avec des textes littéraires adaptés. Cette fois-ci il fallait prendre une pièce à bras le corps et faire en sorte que le public s´y retrouve. Il fallait caractériser les personnages, voix et postures, sans pour autant recourir à la caricature. Cette caractérisation je devais la faire, en tant que comédien, de l´intérieur, sans me soucier de mon aspect physique. En tant que témoin la vidéo n´était d´aucune utilité, par contre l´enregistrement sonore s'avéra primordial. J´ai utilisé mon expérience d´écrivain et réalisateur pour la radio, d´abord pour l´adaptation en tenant compte de principes d´écriture simples permettant à l´auditeur de ne pas être désorienté ensuite pour l´interprétation, utilisation de plusieurs registres, valeur des silences et des bruits.

Sur le plan visuel il n´était pas question de changer de décor ni même de costume, par contre la place sur scène des différents personnages était importante ainsi que la direction des regards, il fallait aussi, pour chacun, des attitudes, souvent à peine esquissées suffisantes pour les différencier.

La réception par le public a confirmé mes intuitions et m´a permis de perfectionner la technique. En tant qu´acteur seul sur scène je ne me suis jamais senti "acteur" soucieux de briller aux yeux d´un public par sa virtuosité, mais plutôt lancé dans un jeu de ping-pong entre les personnages au point de ne plus trop savoir qui j´étais moi-même et de susciter des inquiétudes chez les spectateurs et quelques proches sur ma santé psychique.



Molière inaugure avec "l'Avare" un genre nouveau, la grande comédie de caractère, en prose, comédie par sa forme et drame par sa matière.

Le public goûte rarement les bonnes choses quand il est dépaysé.

"Molière, de son côté, n'épargnait ni soins ni veilles pour soutenir et augmenter la réputation qu'il s'était acquise, et pour répondre aux bontés que le roi avait pour lui. Il consultait ses amis, il examinait avec attention ce qu'il travaillait ; on sait même que lorsqu'il voulait que quelque scène prit le peuple des spectateurs comme les autres, il la lisait à sa servante; pour voir si elle en serait touchée. Cependant il ne saisissait pas toujours le public d'abord ; il l'éprouva dans son "Avare". A peine fut-il représenté sept fois. La prose dérouta les spectateurs. "Comment ! Molière est-il fou, et nous prend-il pour des benêts, de nous faire essuyer cinq actes de prose ? A-t-on jamais vu plus d'extravagance ! Le moyen d'être diverti par de la prose ! ". Mais Molière fut bien vengé de ce public injuste et ignorant quelques années après ; il donna son "Avare" pour la seconde fois le 9 septembre 1668. On y courut en foule, et il fut joué presque toute l'année : tant il est vrai que le public goûte rarement les bonnes choses quand il est dépaysé ! Cinq actes de prose l'avaient révolté la première fois ; mais la lecture et la réflexion l'avaient ramené, et il alla voir avec empressement une pièce qu'il avait d'abord méprisée." (Grimarest)



Un genre nouveau :

Molière s'est inspiré d'une comédie de Plaute (La marmite) mais la dépasse singulièrement. D'une comédie purement anecdotique il fait une pièce qui inaugure un genre nouveau : la grande comédie de caractère, en prose, qui est comédie par sa forme, mais drame par sa matière. Comme dans "Tartuffe", "Les Femmes Savantes" et "Le Malade Imaginaire" on voit ici une famille bouleversée par le vice d'un de ses membre.

L'Avare fut créé au Palais Royal le 9 septembre 1668 (Molière jouait le rôle d'Harpagon) et fut mal accueilli. Une comédie en prose semblait une extravagance insupportable. Boileau fut, dit-on, le seul à rire dans la salle. Après vingt représentations à recettes en baisse, on retira la pièce, qui ne fut reprise avec succès qu'après la mort de Molière.



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